Jesuis comme le roi d'un pays pluvieux, Riche, mais impuissant, jeune et pourtant très-vieux, Qui, de ses précepteurs méprisant les courbettes, S'ennuie avec ses chiens comme avec d'autres bêtes. Rien ne peut l'égayer, ni gibier, ni faucon, Ni son peuple mourant en face du balcon. Du bouffon favori la grotesque ballade Ne distrait plus le front de ce cruel malade ; Son Date 2019-08-23 Ce poème, qui est le troisième des quatre poèmes du recueil ''Les fleurs du mal'' titrés ''Spleen'', n'est qu'une suite de dix-huit alexandrins aux rimes plates, où Baudelaire se compare à un roi allant vers le lent et inéluctable anéantissement qui est celui de l'être en proie au spleen, tout pathos étant refusé, aucun jugement n'étant porté sur le monde. Télécharger le document BAUDELAIRE, ''Je suis comme le roi d'un pays pluvieux'' en format PDFJesuis comme le roi d'un pays pluvieux, En proie aux envieux. Qui, aux déserts d'Afrique, Me conspuent, me critiquent. Pauvres hères, Suant dans leur chair, Marchant sur des sols brûlants, Tirant la langue, pantelants. Pour quelques gouttes de pluie. En appellent à la magie, Prêts à vendre leur âme. Marché infâme. Quelques gouttes de pluie. Au goût de sang et de suie. Le texte sa forme et son titre Lisez l'analyse de la nouvelle de Baudelaire pour vous améliorer en français ! Bohémiens en Voyage La tribu prophétique aux prunelles ardentes Hier s'est mise en route, emportant ses petits Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes. Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes Le long des chariots où les leurs sont blottis, Promenant sur le ciel des yeux appesantis Par le morne regret des chimères absentes. Du fond de son réduit sablonneux, le grillon, Les regardant passer, redouble sa chanson; Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures, Fait couler le rocher et fleurir le désert Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert L'empire familier des ténèbres futures. Présentation 13ème pièce du recueil Les Fleurs du mal dans les trois éditions 1857, 1861 et 1868, incluse dans la 1ère partie de l'ouvrage Spleen et Idéal. Forme Sonnet poème à forme fixe de type italien dit aussi sonnet marotique du nom du poète Clément Marot 1496-1544 qui utilisa le premier en France cette forme poétique. Ce sonnet est composé de deux quatrains et de deux tercets, avec une structure de type ABBA ABBA CCD EED. Les rimes A, C et D sont féminines, les rimes B et D sont masculines. Un genre contraignant Parce que la forme est contraignante, l'idée jaillit plus intense. Tout va bien au sonnet ; la bouffonnerie, la galanterie, la passion, la rêverie, la méditation métaphysique. Il y a là la beauté du métal et du minéral bien travaillés. Avez-vous observé qu'un morceau de ciel, aperçu par un soupirail ou entre deux cheminées, deux roches, ou par une arcade, donnait une idée plus profonde de l'infini que le grand panorama vu du haut d'une montagne ? Baudelaire - Lettre à Armand Fraisse du 19 février 1866, publiée dans la Revue du monde latin du 25 janvier 1884. Et pour faire des sonnets aussi beaux que ceux de Baudelaire Raymond Queneau 1903-1976 et ses 100 mille milliards de poèmes, un bijou de la littérature oulipienne voir ce mot et un ouvrage interactif, comme on dit aujourd'hui. Qui sont ces bohémiens ? Littré 1801-1881 les définissait ainsi Nom de bandes vagabondes, sans domicile fixe, sans métier régulier, et se mêlant souvent de dire la bonne aventure. Définition à peu près semblable dans L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert C'est ainsi qu'on appelle des vagabonds qui font profession de dire la bonne aventure, à l'inspection des mains. Leur talent est de chanter, danser, et voler. Ce nom vient de la croyance que l'on avait autrefois que ces nomades venaient du royaume de Bohême, en Europe centrale. Il n'en était rien, mais leur origine mystérieuse alimentait les superstitions, les fantasmes, les méfiances et les rejets c'est encore vrai aujourd'hui. On a également pensé que les bohémiens venaient d'Egypte, on les appelait souvent des Égyptiens, initiés à tous les sortilèges de l'ancienne Égypte "L'Égyptienne sacrilège, M'attirant derrière un pilier, M'a dit hier Dieu nous protège ! Qu'à la fanfare du cortège Il manquerait un timbalier". Victor Hugo - Odes et ballades - "La fiancée du timbalier". Dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo 1802-1885, la bohémienne Esméralda est souvent appelée l'Égyptienne, sauterelle d'Égypte. On notera que le mot bohémien a donné naissance au mot bohème attention à l'accent la Bohême, accent circonflexe, ancien royaume d'Europe centrale aujourd'hui partie de la République Tchèque, et la bohème, accent grave, une façon de vivre sans règles et sans projets, au jour le jour, une vie de patachon, la vie d'artiste, en quelque sorte. Lire à ce sujet les Scènes de la vie de bohème de Henri Murger 1822-1861, écouter La Bohème, l'opéra qu'en a tiré le compositeur Giacomo Puccini 1858-1924 et la chanson de Charles Aznavour La Bohème, mais je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître... Bon, revenons à notre sujet Romanichels, Égyptiens, Zingaris, quel que soit le nom qu'on leur donnait, ils étaient craints et persécutés, car ils avaient la réputation de vivre de mendicité et de rapines, de n'être pas baptisés ce qui avait une grande importance autrefois, d'être un peu sorciers et de prédire - donc de connaître - l'avenir. Mais s'ils inspiraient la méfiance ou l'inquiétude, leur mode de vie marginal et leur liberté rebelle n'étaient pas sans susciter une certaine fascination. On pourra évoquer la chanson de Béranger 1780-1857. L'expression Reste immonde d'un ancien monde indique assez le rejet, voire la répulsion que suscitaient ces bohémiens "Sorciers, bateleurs ou filous, Reste immonde D'un ancien monde, Sorciers, bateleurs ou filous, Gais bohémiens, d'où venez-vous ? D'où nous venons ? L'on n'en sait rien. L'hirondelle D'où nous vient-elle ? D'où nous venons ? L'on n'en sait rien. Où nous irons, le sait-on bien ?" D'après le peintre Émile Bernard 1868-1941, le poème Bohémiens en voyage aurait été inspiré par une gravure de Jacques Callot 1592-1635 intitulée Bohémiens en marche. Où trouver des cours de français pour étudier l'oeuvre ? Les meilleurs professeurs de Français disponibles4,9 70 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !5 111 avis 1er cours offert !4,9 70 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !5 111 avis 1er cours offert !C'est partiAnalyse du texte Les Bohémiens sont un peuple qui a inspiré de nombreux auteurs. La tribu prophétique aux prunelles ardentes le mot tribu donne à cette communauté une dimension exotique le terme s'applique généralement aux communautés indigènes et une noblesse quasiment biblique les 12 tribus d'Israel. Une tribu n'est pas un simple rassemblement d'individus. C'est une organisation sociale de forme primitive ce point est contesté par certains ethnologues qui a son histoire, souvent très ancienne, ses racines, ses traditions, ses valeurs, sa hiérarchie, ses règles et ses lois. On ne peut s'y intégrer qu'au prix d'une longue initiation. On en fait partie ou l'on n'en fait pas partie. Le vocable exclut de fait le lecteur. Il ne fait pas partie de cette tribu, il ne peut que la regarder et essayer d'en percer les mystères. Prophétique cela tombe sous le sens. Le prophète est celui qui prédit l'avenir, non pas parce qu'il le devine, mais parce qu'il est inspiré par Dieu ...ou par le diable. Aux prunelles ardentes Vous êtes trop jeunes pour avoir entendu cette rengaine de Tino Rossi "Bohémienne aux grands yeux noirs Tes cheveux couleur du soir Et l'éclat de ta peau brune Sont plus beaux qu'un clair de lune". Rassurez-vous, vous n'avez pas perdu grand-chose... C'était pour rire. On peut également écouter la chanson traditionnelle russe Les yeux noirs, basée sur une mélodie traditionnelle tsigane "Des yeux noirs, des yeux pleins de passion ! Des yeux ravageurs et sublimes ! Comme je vous aime, comme j'ai peur de vous ! Je sais, je vous ai vus, pas au bon moment !" Où trouver des cours de français lyon ? Il faut prendre le mot ardent dans le sens de brûlant, incandescent, des yeux de braise. Les bohémiens sont des sorciers, leurs yeux voient plus loin que ceux du commun des mortels. Ils ont des pouvoirs redoutables, ils ont le don de double vue, ils jettent des mauvais sorts, par le mauvais œil. Pour les gens superstitieux, il y a danger à regarder un sorcier dans les yeux. Moi-même, je fais très attention de ne jamais regarder en face la gardienne de mon immeuble, qui est une vraie sorcière... Et dans l'imagerie du Moyen Âge, le diable a les yeux entièrement noirs et ardents. Hier s'est mise en route ce hier a son importance. D'ailleurs tous les mots ont leur importance. Pourquoi hier ? On ne sait pas. Le villageois a vu s'installer un campement de nomades dans un champ voisin, il ignore d'où ils sont venus. Et puis un jour, ils sont partis. Pourquoi ce jour-là précisément ? On peut penser que ce n'est pas le hasard, qu'il y a une raison secrète qu'on ignore, une conjonction de planètes, ou une sorte d'instinct comme en possèdent certains animaux qui connaissent exactement le jour où ils doivent se reproduire, migrer ou hiberner, ou encore, pourquoi pas, une injonction venue d'ailleurs. Se mettre en route, c'est partir, certes, mais pas d'une manière précipitée. Cela implique une certaine lenteur, des préparatifs, on pourrait dire un cérémonial. Ce n'est pas une fuite, c'est un départ prémédité. Pourquoi hier ? Pour le villageois qui ne fait pas partie de la tribu, cela restera un mystère. Emportant ses petits / Sur son dos en Occident, où il est très peu pratiqué, l'usage de porter les enfants sur le dos est considéré comme exotique, africain, arabe ou indien. Il faut relever l'enjambement rejet d'un membre de phrase au vers suivant, il n'est pas fortuit. Notons également la curieuse construction de la phrase La tribu s'est mise en route emportant ses petits sur son dos. Sur le dos de qui ? Grammaticalement, c'est sur le dos de la tribu. On pouvait comprendre les prunelles ardentes de la tribu synecdoque référentielle, voir ce mot et s'empresser de l'oublier, ces accumulations de termes de rhétorique n'ont strictement aucun intérêt, mais le dos, c'est déjà plus difficile. Une tribu n'a pas de dos... Ou bien elle en a plusieurs. Ici, ce ne sont pas les mères qui emportent leurs petits, car leurs enfants ne leur appartiennent pas vraiment. Ils sont d'abord à la tribu, à la communauté, et cette communauté est personnifiée ou animalisée, elle prend l'apparence d'une femme ou d'une femelle. Le mot mamelles évoque ici clairement les animaux, même si, sémantiquement, le sein n'est pas la mamelle. Baudelaire emploie toujours le mot sein pour désigner la mamelle de la femme. Les mamelle pendantes suggèrent de nombreuses maternités, donc un âge avancé eh oui ! Avec l'âge, ça dégringole, ne rigolez pas, les filles ! Vous verrez ! L'expression ses petits pouvait également annoncer cette analogie avec les animaux le mot petit s'utilise pour les humains et pour les animaux, mais plus souvent pour les animaux. Pour les humains, on dirait plutôt ses enfants. On relèvera évidemment l'opposition entre le mot trésor et l'expression mamelles pendantes. Jolie périphrase pour désigner le lait maternel. Relevons également le contraste, l'opposition entre les deux premiers vers du 1er quatrain et les deux derniers. La tribu prophétique aux prunelles ardentes hier s'est mise en route emportant ses petits, il y a là quelque chose de grand, de solennel, de biblique, d'un peu théâtral, emphatique, pompeux même. Mais l'enjambement sur son dos fait basculer dans le prosaïque. Force est de constater qu'il y a l'idéal et la réalité... Même si l'on est prophète, il faut bien porter les mioches d'une façon ou d'une autre, les nourrir avec des mamelles qui en ont déjà allaités beaucoup, et les torcher ! Derrière la noblesse de la tribu prophétique, il y a la misère des chariots branlants et de l'errance. Nous la devinons, même si Baudelaire ne nous la décrit pas de façon explicite. Enfin, il convient de relever la phonétique des deux premiers vers et l'utilisation des sonorités [TR], [BR] et [R], vous chercherez les termes exacts dans les manuels, entre les occlusives labiales, dentales, mouillées et autres, j'ai horreur de ces jargons autant que des accumulations de termes de rhétorique, oxymore, métonymie, synecdoque, fatras prétentieux et pédant qui trop souvent masque l'indigence de la réflexion sous un vernis d'érudition mal assimilée. Qu'il suffise de dire que les sonorités [BR], [TR], [R] grincent, craquent et roulent d'ailleurs, ne dit-on pas rouler les R comme les pesants chariots qui s'ébranlent. À la rigueur, on pourra parler d'harmonie imitative... Le deuxième quatrain recadre la scène. En terme cinématographique, on parlerait d'un zoom. Dans le langage scolaire en usage aujourd'hui, on parlera d'une focalisation. Cet effet est encore renforcé par l'utilisation du présent de l'indicatif car si la tribu s'est mise en route hier, il aurait été logique d'écrire les hommes allaient à pied. Enfin, par un effet de grossissement, nous distinguons quelques-uns des individus qui forment cette entité qu'est la tribu. Les bohémiens cessent d'être une masse confuse, nous en discernons des détails. Les hommes, qui marchent sous leurs armes luisantes. Ces armes ne sont pas identifiées, on les devine métalliques puisqu'elles sont luisantes, on ignore leur usage agresser ou se défendre, mais elles confèrent à la tribu un aspect plus redoutable, plus organisé et plus farouche qu'une simple bande de vagabonds. Ces bohémiens ne forment pas un troupeau, mais une troupe. Quant aux femmes, aux enfants, aux vieillards, nous ne les voyons pas, nous pouvons seulement les imaginer à l'abri, blottis dans les chariots. Il faut noter tout particulièrement les deux superbes vers "Promenant sur le ciel des yeux appesantis Par le morne regret des chimères absentes". Les chimère, ce sont les rêves, les imaginations. Ce sont les images que nous nous faisons de l'avenir, les projets plus ou moins réalistes, les plans que nous tirons sur la comète. Mais lorsque l'on connaît cet avenir, on n'a plus de raison de rêver, on n'a plus de raison d'imaginer. On sait. Connaître l'avenir est à la fois un grand pouvoir et une grande malédiction. Celui qui voit le futur s'interdit les rêves, les projets, il ne peut plus poursuivre de but, il ne peut plus construire ni espérer, car tout est écrit d'avance. On pourra faire un parallèle avec le poème Les aveugles, toujours dans les Fleurs du mal. Celui qui connaît l'avenir est condamné à la résignation, puisqu'il ne pourra rien changer du futur. Ces yeux appesantis sont des yeux résignés, sans rêves et sans espérance. Le premier tercet nous propose un nouvel angle d'observation, une nouvelle focalisation. Les bohémiens passent, et sur le bord du chemin, le grillon les salue en redoublant sa chanson. On est ici dans le registre de l'allégorie. Depuis la nuit des temps, les hommes - leurs semblables - les fuient, les chassent, les persécutent, mais depuis la nuit des temps, les bohémiens connaissent le chant du grillon, ils sont les amis, les complices de la nature, ils vivent en osmose avec elle, ils y puisent leur subsistance et leurs pouvoirs, ils savent les plantes qui guérissent et celles qui tuent, les mouvements secrets des étoiles, ils savent déchiffrer les symboles, les correspondances, la nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles... Le grillon dit domestique Acheta Domesticus est un insecte qui aime la chaleur, c'est la raison pour laquelle il n'hésite pas à se glisser dans les maisons par les conduits de cheminée. Dans les campagnes, autrefois, il avait la réputation de porter bonheur croyance chinoise également, ce qui explique qu'on ne le chassait pas. Le grillon du foyer garantissait par son chant - ou plutôt par son grésillement étymologie du nom de la bestiole, on disait autrefois un grésillon par son cri et par ses stridulations, la paix et la prospérité de la demeure lire le conte de Noël Le grillon du foyer - Histoire fantastique d'un intérieur domestique de Charles Dickens 1812-1866 publié en 1845. Par l'évocation de ce grillon, insecte symboliquement lié à l'intérieur, au foyer, - Souvenir sonore / Des vieilles maisons, écrivait Lamartine 1790-1869 dans les Harmonies poétiques et religieuses -, Baudelaire veut nous suggérer que les bohémiens, plus que leur roulotte, ont la nature entière pour demeure. Cybèle, la déesse phrygienne de la nature et de la fertilité, nous offre des variations païennes de miracles bibliques. C'est en effet dans la Bible Exode que Moïse frappe le rocher d'Horeb de sa verge pour en faire jaillir de l'eau et abreuver son peuple. Toujours dans la Bible livre d'Ésaie, la seule approche de Jéhovah fait fleurir le désert. Nul doute que ces références n'aient été présentes à l'esprit de Baudelaire lorsqu'il a écrit son vers. Cette confusion entre le monde biblique et le monde païen n'est d'ailleurs pas innocente. C'est l'ambiguïté même des croyances des bohémiens, teintées de paganisme ainsi Sarah, mystérieuse vierge à la peau noire, patronne des Gitans. On notera également la confusion entre le monde moderne hier et le monde antique Cybèle. Les bohémiens sont intemporels, ils traversent les siècles comme ils traversent les pays. On relèvera l'alchimie magistrale du dernier vers L'empire familier des ténèbres futures, superbe périphrase pour désigner l'avenir. Empire familier pour le bohémien car, hélas, pour le commun des mortels, les ténèbres du futur n'ont rien de familières, elles sont souvent effrayantes... Où trouver des cours francais paris pour étudier l'œuvre ? La place de "Bohémiens en voyage" dans Les Fleurs du mal Baudelaire avait le Spleen et le racontait d'une manière très poétique. Baudelaire, dans son introduction Au lecteur, brosse un tableau assez sombre et désespéré de l'humanité, en proie à tous les vices et à tous les péchés, peuple de marionnettes actionnées par le Diable. Mais le pire de tous ces vices, celui qui surpasse l'envie, le péché, la lésine, et même le crime que nous n'osons pas commettre par lâcheté, c'est l'Ennui. Cet Ennui Baudelairien, le spleen, n'a pas grand-chose à voir avec celui que nous pouvons éprouver pendant les moments de désœuvrement. C'est un accablement total, un profond mal de vivre, ce que nous pourrions appeler aujourd'hui une forme de dépression nerveuse et qu'on nommait alors la mélancolie. "Je suis comme le roi d’un pays pluvieux, Riche, mais impuissant, jeune et pourtant très vieux, Qui, de ses précepteurs méprisant les courbettes, S’ennuie avec ses chiens comme avec d’autres bêtes". Les Fleurs du mal - LXXVII - Spleen Dans un ouvrage publié en 1897, le docteur Jacques Roubinovitch peignait ainsi les ravages de ce mal Le vrai mélancolique a complètement perdu la faculté d'éprouver des sensations qui puissent faire diversion à son chagrin ; et il est persuadé qu'il ne pourra jamais se débarrasser de sa douleur morale. Il n'entrevoit plus aucune solution favorable, il y a entre lui et le monde extérieur un véritable mur contre lequel vient se briser toute espérance. Le compositeur Hector Berlioz 1803-1869 décrit également dans ses Mémoires ce mal qu'il a lui-même enduré Il y a d’ailleurs deux espèces de spleen ; l’un est ironique, railleur, emporté, violent, haineux ; l’autre, taciturne et sombre, ne demande que l’inaction, le silence, la solitude et le sommeil. A l’être qui en est possédé tout devient indifférent ; la ruine d’un monde saurait à peine l’émouvoir. Je voudrais alors que la terre fût une bombe remplie de poudre, et j’y mettrais le feu pour m’amuser. Mal social, mal du siècle, mal moral, mal mystique, tout autant physique que psychologique, pour Baudelaire, le spleen ne peut se combattre que par la quête de l'Idéal, car toutes les diversions sont vaines, tant l'amour que l'ivresse ou les paradis artificiels. Exilé sur la terre au milieu des huées, le poète est frère du bohémien, il se reconnaît dans cet homme inadapté socialement, nomade dans un monde sédentaire, persécuté et banni par ses semblables, voyageur éternel sans but et sans patrie. Tous deux ne poursuivent-ils pas une même quête de l'Idéal ? Et comme le bohémien, le poète voit plus loin, il est, lui aussi, prophète, né par un décret des puissances suprêmes voir dans les Fleurs du mal le poème Bénédiction. Et rappelons-nous l'appel de Hugo "Peuples ! écoutez le poète ! Écoutez le rêveur sacré ! Dans votre nuit, sans lui complète, Lui seul a le front éclairé ! Des temps futurs perçant les ombres Lui seul distingue en leurs flancs sombres Le germe qui n’est pas éclos". Victor Hugo 1802-1885 - Les Rayons et les Ombres - "Fonction du poète" Et si les bohémiens étaient l'avenir de l'humanité ? On trouve cette note rapide dans les journaux intimes de Baudelaire Mon cœur mis à nu - XXXII "Théorie de la vraie civilisation. Elle n'est pas dans le gaz, ni dans la vapeur, ni dans les tables tournantes, elle est dans la diminution des traces du péché originel. Peuples nomades, pasteurs, chasseurs, agricoles et même anthropophages, tous peuvent être supérieurs par l'énergie, par la dignité personnelles, à nos races d'Occident. Celles-ci peut-être seront détruites". Quelques textes en lien avec l'œuvre Charles Baudelaire est un des plus grands poètes français de l'histoire ! source L'Express Charles Baudelaire Le Spleen de Paris - XXXI - "Les vocations" "Dans un beau jardin où les rayons d’un soleil automnal semblaient s’attarder à plaisir, sous un ciel déjà verdâtre où des nuages d’or flottaient comme des continents en voyage, quatre beaux enfants, quatre garçons, las de jouer sans doute, causaient entre eux. ... [ici, les trois premiers garçons racontent chacun à tour de rôle une anecdote qui annonce leur destinée.] Enfin le quatrième dit Vous savez que je ne m’amuse guère à la maison ; on ne me mène jamais au spectacle ; mon tuteur est trop avare ; Dieu ne s’occupe pas de moi et de mon ennui, et je n’ai pas une belle bonne pour me dorloter. Il m’a souvent semblé que mon plaisir serait d’aller toujours droit devant moi, sans savoir où, sans que personne s’en inquiète, et de voir toujours des pays nouveaux. Je ne suis jamais bien nulle part, et je crois toujours que je serais mieux ailleurs que là où je suis. Eh bien ! j’ai vu, à la dernière foire du village voisin, trois hommes qui vivent comme je voudrais vivre. Vous n’y avez pas fait attention, vous autres. Ils étaient grands, presque noirs et très fiers, quoique en guenilles, avec l’air de n’avoir besoin de personne. Leurs grands yeux sombres sont devenus tout à fait brillants pendant qu’ils faisaient de la musique ; une musique si surprenante qu’elle donne envie tantôt de danser, tantôt de pleurer, ou de faire les deux à la fois, et qu’on deviendrait comme fou si on les écoutait trop longtemps. L’un, en traînant son archet sur son violon, semblait raconter un chagrin, et l’autre, en faisant sautiller son petit marteau sur les cordes d’un petit piano suspendu à son cou par une courroie, avait l’air de se moquer de la plainte de son voisin, tandis que le troisième choquait, de temps à autre, ses cymbales avec une violence extraordinaire. Ils étaient si contents d’eux-mêmes, qu’ils ont continué à jouer leur musique de sauvages, même après que la foule s’est dispersée. Enfin ils ont ramassé leurs sous, ont chargé leur bagage sur leur dos, et sont partis. Moi, voulant savoir où ils demeuraient, je les ai suivis de loin, jusqu’au bord de la forêt, où j’ai compris seulement alors qu’ils ne demeuraient nulle part. Alors l’un a dit Faut-il déployer la tente ? » – Ma foi ! non ! a répondu l’autre, il fait une si belle nuit ! » Le troisième disait en comptant la recette Ces gens-là ne sentent pas la musique, et leurs femmes dansent comme des ours. Heureusement, avant un mois nous serons en Autriche, où nous trouverons un peuple plus aimable. » – Nous ferions peut-être mieux d’aller vers l’Espagne, car voici la saison qui s’avance ; fuyons avant les pluies et ne mouillons que notre gosier », a dit un des deux autres. J’ai tout retenu, comme vous voyez. Ensuite ils ont bu chacun une tasse d’eau-de-vie et se sont endormis, le front tourné vers les étoiles. J’avais eu d’abord envie de les prier de m’emmener avec eux et de m’apprendre à jouer de leurs instruments ; mais je n’ai pas osé, sans doute parce qu’il est toujours très difficile de se décider à n’importe quoi, et aussi parce que j’avais peur d’être rattrapé avant d’être hors de France. » L’air peu intéressé des trois autres camarades me donna à penser que ce petit était déjà un incompris. Je le regardais attentivement ; il y avait dans son oeil et dans son front ce je ne sais quoi de précocement fatal qui éloigne généralement la sympathie, et qui, je ne sais pourquoi, excitait la mienne, au point que j’eus un instant l’idée bizarre que je pouvais avoir un frère à moi-même inconnu". Charles Baudelaire Le Spleen de Paris - I - "L'étranger" "Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ? – Je n’ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère. – Tes amis ? – Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu. – Ta patrie ? – J’ignore sous quelle latitude elle est située. – La beauté ? – Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle. – L’or ? – Je le hais comme vous haïssez Dieu. – Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? – J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages !" Charles Baudelaire - La fin de Don Juan scénario d'une pièce jamais écrite publié par Eugène Crépet dans les Œuvres posthumes en 1887 "Voilà des Zingaris et des voleurs d'ânes traqués par des hommes de police. Ils sont certes dans un grave danger ; cependant je parierais presque qu'ils ont des éléments de bonheur que je ne connais pas. Au fait je voudrais nous en assurer. Le lieu est désert, si nous donnions un coup de main à ces braves gens, et nous rossions la police, nous pourrions les connaître. Cette race bizarre a pour moi le charme de l'inconnu". Miguel de Cervantès 1547-1616 La Jitanilla La petite gitane, consultable sur le site de la Bibliothèque nationale Victor Hugo 1802-1885 Notre-Dame de Paris pour le personnage d'Esméralda. Guillaume Apollinaire 1880-1918 Saltimbanques extrait de Alcools. Prosper Mérimée 1803-1870 Carmen, et surtout Lettres d'Espagne. Hergé 1907-1983 Les bijoux de la Castafiore pour le campement de Gitans dans le parc du château de Moulinsart. Pour terminer, voici un tableau récapitulatif des œuvres de Baudelaire DateTitre L'Art Romantique1852 Les Fleurs du Mal1857 Les Paradis Artificiels1860 La Chevelure1861 Curiosités Esthétiques1868 Le Spleen de Paris1869 posthume Pour lire d'autres poèmes de Baudelaire, consultez nos autres articles !Jesuis comme le roi d'un pays pluvieux, riche, mais impuissant, jeune et pourtant très vieux, qui, de ses précepteurs méprisant les courbettes, s'ennuie avec ses chiens comme avec d'autres bêtes.Rien ne peut l'égayer, ni gibier, ni faucon, ni son peuple mourant en face du balcon.Du bouffon favori la grotesque ballade ne distrait plus le front de ce cruel malade ; son lit
Résumé du recueil plan schématique des Fleurs du Mal AU LECTEUR Dans ce poème liminaire des Fleurs du mal, la dimension métaphysique du livre apparaît sans équivoque. L'homme est enfoncé dans le péché. Satan triomphe en ce bas monde. 1. SPLEEN ET IDÉAL Le plan véritable est assurément l'inverse idéal et spleen. Quoiqu'il en soit, les deux postulations de l'homme sont ici affirmées. Comment échapper au Mal ? Par l'art C'est pour Baudelaire la voie la plus sûre. On a pu y distinguer trois mouvements grandeur du poète de I à VI, misère du poète de VII à XIV, son idéal de beauté XVII à XXI. Sans doute serait-il imprudent de trop systématiser les poèmes XV Don Juan aux Enfers et XVI Châtiment de l'orgueil n'ont rien à voir avec la mission du poète. Et le détail lui-même n'est pas simple la Vie antérieure XII n'exprime pas la misère » du poète mais, au passé et ailleurs il est vrai, un monde de beauté ; l'Homme et la Mer XIV n'entre guère mieux dans le schéma, en ce qu'il a de rigide. Mais il reste vrai que le thème du poète et de la poésie sous-tend la première partie de Spleen et idéal. Par l'amour de XXII à LXIV. Les poèmes sont répartis en quatre cycles. Ils constituent l'ensemble le plus cohérent et le plus nombreux plus de la moitié de SPLEEN ET IDÉAL. Or ces deux tentatives pour échapper au Mal aboutiraient en somme à un échec, l'échec de l'idéal» et la rencontre du spleen » annoncé sous le nom d' ennui » dans l'avis AU LECTEUR. L’ensemble constitué des poèmes LXV à LXXXV ne présente pas, du moins au début, une cohésion très rigoureuse. Par exemple Les Chats », malgré leur aspect nocturne, ne semblent pas inspirés par le désespoir. Mais le thème du spleen apparaît vite, pour atteindre une exceptionnelle vigueur dans les quatre poèmes qui en ont emprunté le nom comme titre LXXV, Pluviôse irrité... » ; LXXVI, j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans... » ; LXXVII, Je suis comme le roi d'un pays pluvieux... » ; et LXXVIII, Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle... ». Cependant les pièces de la fin, d' Obsession » à l'Héautontimorouménos », l’irrémédiable » et L’Horloge » apparaissent comme autant de ramifications du thème, sous les formes les plus désespérées. Et de la sorte l'aspect métaphysique du triomphe du mal, qu'annonçait l'avis AU LECTEUR, trouve ici son illustration éclatante. A "Spleen et idéal", qui semble exprimer surtout l'expérience personnelle de Baudelaire, succèdent des chapitres plus courts qui évoquent, dans une suite de domaines particuliers, l'expérience universelle TABLEAUX PARISIENS, LE VIN, FLEURS DU MAL, RÉVOLTE, LA MORT. 2. TABLEAUX PARISIENS Second chapitre du recueil, c'est la tentative et sans doute aussi l'échec de la communion humaine, dans le cadre de la ville. Ici se manifestent une inspiration sociale, et les trésors de charité que recelait l'âme du poète, mais aussi ce sentiment très neuf et très moderne la solitude des hommes et surtout des plus misérables d'entre eux dans l’illusoire communauté urbaine. 3. LE VIN A la différence des TABLEAUX PARISIENS», représente, si l'on considère la date des poèmes, un groupe fort ancien. Sa signification a sans doute évolué dans l'esprit du poète. Dans le contexte de la révolution de 1848 et sous l'influence du socialisme de Fourier 1, le vin est pour le peuple qui travaille et ui mérite d'en boire». Par la suite, il est peu à peu associe à la catégorie des paradis artificiels» et devient dans l'édition de 1861, selon Ruff 2, un des efforts désordonnés et condamnables de l'homme pour échapper aux exigences de sa condition ». 4. FLEURS DU MAL Sans l'article et dans le sens le plus strict, cette section constitue le quatrième chapitre et marquerait, selon Antoine Adam 3, non l'aboutissement d'une logique intérieure, mais les jeux d'un artiste se plaisant à pousser jusqu'à l'excès les audaces d'un certain romantisme scandaleux». Là se trouvaient en effet, dans i'édition de 1857, la plupart des pièces gui furent condamnées lors du procès. On y voit fleurir les formes du romantisme macabre et du vampirisme chères à Théophile Gautier. Elles témoignent, de la part de Baudelaire, d'une forte dose de provocation. Sur Fourier, voir la note, p. 14. Cette valeur rituelle du vin est réappa rue en mai 1968. M. A. Ruff, Baudelaire, Paris, Éd. Hatier, coll. Connaissance des Lettres •, p. 117. Antoine Adam, édition des Fleurs du Mal, Paris, Éd. Garnier, p. 408. 5. RÉVOLTE Ce cinquième chapitre pose, par l'ambiguïté des trois poèmes qui le composent, un problème très important pour la structure des Fleurs du Mal. Que la révolte soit proposée comme un moyen offert à l'homme de dépasser sa condition misérable, ce n'est pas douteux. C'est même la proposition que lui fit Satan au début de la Genèse. La question est de savoir si Baudelaire approuve ou non. Or le Reniement de saint Pierre CXVIII établit que le refus d'utiliser la violence n'a pu aboutir qu'à la mort, donc à l'échec, de Jésus. Aussi le poète s’écrie Puissé-je user du glaive et périr par le glaive ! Saint Pierre a renié Jésus... il a bien fait ! L'accusation de blasphème a d'ailleurs été proférée lors du procès, mais aucun des trois poèmes n'a été condamné. Quelle pouvait être la pensée de Baudelaire ? Elle a pu évoluer entre le moment de la composition avant 1852 et, a-ton remarqué, dans le dégoût qu'inspiraient au poète la politique de Louis-Napoléon et la passivité du peuple et le moment où l'œuvre est entrée dans l'architecture des Fleurs du Mal. C'est ce dernier point qui dans l'immédiat nous intéresse, mais on ne peut l'isoler tout à fait. Il va de soi que Baudelaire n'exprime pas sa révolte, mais la révolte, celle de l'humanité tout entière, et qu'il ne pose pas seulement le problème de sa légitimité, mais aussi de son efficacité. A l'avant-dernière place {juste avant LA MORT, RÉVOLTE prend nécessairement, dans l'ordonnance de l'ensemble, une très grande importance. L'essentiel n'est pas de savoir si Baudelaire blâme ou approuve et c'est pourquoi il a peu protesté contre l'accusation de blasphème. L'essentiel, c'est que la révolte est en somme présentée comme une fausse sortie. La seule issue qui nous est offerte pour échapper à un monde voué au mal, c'est la mort. 6. LA MORT Dans ce sixième et dernier chapitre des Fleurs du Mal , la mort est donc saluée sans horreur. Le poème intitulé "La Mort des amants" est même d'une étrange douceur, que l'emploi du décasyllabe à hémistiches égaux 5+5 rend insolite dans les Fleurs du Mal. Les autres morts», sans omettre l'allégorique Fin de la journée, ne sont pas d'un accent sensiblement différent. Dernier poème du chapitre- et du livre -le Voyage semble nous imposer un long détour il redéploie en effet toutes les formes du spleen et le spectacle ennuyeux de l'immortel péché. Mais on saisit les raisons le poète reproduit dans ce finale, avec une sorte d'accélération, les thèmes majeurs de la symphonie. Et l'orchestration est magistrale toutes les étapes du voyage se révèlent aussi vaines que les motivations qui l'ont provoqué, toutes sauf une, la dernière, la mort. Seule la mort délivre de l'ennui. Les deux magnifiques qua trains par lesquels s'achève le Voyage nous donnent la conclusion logique des Fleurs du Mal en nous exhortant à plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ? Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau ! Telle est la structure voulue par le poète. Certes, dans le détail, les contradictions abondent, mais on peut dire que, dans l'univers de Baudelaire, elles sont en quelque sorte légitimées. Le poète est béni - et il est maudit ; l'homme est en proie au spleen - et à l'idéal ; la femme est animal - et ange ; notre monde est sollicité par l'Enfer - et par le Ciel. Selon Baudelaire, il y a dans l'homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan... » Il s'agit là d'une affirmation capitale, qui va bien au-delà du problème de la structure des Fleurs du Mal. Mais elle éclaire ce problème, ainsi que beaucoup d'autres. II- Analyse des Fleurs du mal ► Une dualité entre la boue et l'or qui se conclut par "la mort" Baudelaire a souvent insisté sur la nécessité de lire Les Fleurs du Mal comme un itinéraire organisé selon une visée explicite ; ainsi, loin de voir le recueil comme un rassemblement de pièces éparses, il convient d’en saisir l’architecture signifiante en six sections successives qui sont comme autant de stations Spleen et idéal », la plus longue, ouvre sur les Tableaux parisiens », puis ce sont les groupements plus courts Le Vin », Fleurs du mal », Révolte » et le mouvement conclusif La Mort ». À vrai dire, on a depuis fort longtemps pu analyser cette construction selon un mouvement ternaire s’ouvrant sur la polarité essentielle entre spleen et idéal, entre un enlisement dans la boue et une tension vers l'or, cherchant ensuite dans des paradis artificiels une échappatoire que seule la mort semble en mesure d’offrir au poète. En effet, ce qui fonde l’assise du recueil constitue ce que l’on a nommé la double postulation baudelairienne, c’est-à-dire le combat incessant dans le sujet entre le spleen, terme anglais signifiant l’enlisement de l’être dans une réalité décevante, régie par l'ennui et provoquant sa détresse, et l’idéal d’une élévation vers la spiritualité. Baudelaire a ainsi mis au jour cette part essentiellement duelle de l’homme, écartelé entre Dieu et Satan, qui subsume les autres oppositions entre la boue et l'or, entre réalité et paradis, sensibilité exacerbée et soif pure de l’âme, Beauté scindée entre une part transitoire et une autre, éternelle. La double postulation initie donc une figure du poète fondamentalement éclatée, et cette déchirure d’ordre métaphysique ne se trouve nullement résolue, mais bien plutôt aggravée par Les Fleurs du Mal ; à l’image de l’homme, l’œuvre ne saurait opter pour un parti définitif et, là où un Pascal pariait pour Dieu, Baudelaire laisse la question dans son suspens, en plaçant la mort, synonyme d'inconnu, comme l’ultime horizon de son itinéraire poétique. ► A quel mouvement littéraire se rattachent Les fleurs du mal ? Sans doute serait-il naïf de s’étonner de la persistance dans Les Fleurs du mal de quelques souvenirs romantiques de Hugo, et plus encore du mouvement parnassien, en particulier de Théophile Gautier auquel le recueil est d'ailleurs dédié. Il y a bien des tentations parnassiennes, dans nombre de pièces voir La Beauté », qui attestent l’exigence jamais démentie d’un art scrupuleux et exactement ciselé ; bien des motifs aussi qui entrent en résonance avec ceux mis à l'honneur par les romantiques l’ennui, le ton élégiaque, l'insatisfaction de l’âme qui va jusqu’à souhaiter la mort. Néanmoins, l'affirmation de la puissance fédératrice du génie, capable d’exprimer l’infini dans l’espace délimité de l'œuvre, relève déjà d’une réflexion qui, pour être partagée par d’autres grands romantiques, manifeste cependant une hauteur de vue plus intéressante, parce qu’elle va décider chez Baudelaire de la fameuse théorie des correspondances qui autorise un mouvement d’élévation vers l’idéalité, fondé sur l’intuition d’une profonde unité du monde. En revanche, Baudelaire se sépare radicalement du romantisme par sa poétique de la contre-nature ; en effet, la nature constitue pour lui un lieu vicié de toute éternité, car marqué indéfectiblement du sceau du Péché originel. C’est pourquoi l’art s’affirme essentiellement comme une protestation à l’égard de celle-ci ; d’où le mouvement récurrent dans Les Fleurs de la fuite le voyage, de l’élévation spirituelle hors de la matière, d’une quête de l’artifice dont les parfums et les diverses formes d’art et d’ivresse attestent l’urgence. Dès lors, la reconnaissance par le poète de ce qu’il appelle le bizarre » se lit comme un écart par rapport aux représentations trop stables de la poésie romantique conventionnelle, comme l’espace indéterminé d’un mystère où s’invente une nouvelle conscience poétique qu’entend fixer le langage. ► La modernité poétique de Baudelaire La double postulation baudelairienne transforme donc l’écriture en une véritable expérience, c’est-à-dire en une épreuve qui engage entièrement le sujet. Loin toutefois de se perdre dans un vague à l’âme effaçant les contours de la parole dans un halo sentimental, l’exigence énoncée par Baudelaire d'une permanente coexistence du poète et du critique souligne la rigueur avec laquelle il conçoit la création, et la volonté de perfection formelle qui le place en digne héritier de la prosodie classique. À vrai dire, hormis quelques innovations romantiques le déplacement des coupes à l’intérieur du vers ou l’utilisation, dans Harmonie du soir », de la forme du pantoum, l’attachement à l’alexandrin et au sonnet n’introduisent pas les bouleversements formels qu’il incombera à Rimbaud d’initier. C’est donc surtout sur le plan thématique que l’influence baudelairienne est la plus importante en effet, le titre même de Fleurs du Mal inscrit la possibilité, jusque-là impensable, de faire de la laideur un objet esthétique. Saisissant dans le mal, et plus généralement dans le quotidien de la grande ville, une inédite beauté, Baudelaire rompt en visière avec toute une poésie de la joliesse » ouvrant ainsi le poème à l’Autre, à ce qui semblait en être le plus éloigné, et inaugurant ainsi une poésie urbaine, une poésie du non-poétique », symbolisée par un poème tel La Charogne », qui fera date et s’imposera comme la voix majeure de la poésie contemporaine. Conjuguée à ce retournement majeur, la poétique du mouvement et du transitoire qui saisit, dans À une passante », l'unicité d’un être qu’elle fixe dans son furtif passage, marque l’avènement d’une nouvelle conception de la poésie le poème est maintenant compris comme le lieu de l’affrontement de l’être au dehors, quel qu’il soit, à travers le magistère de l’imagination dont le poète affirmera dans ses Curiosités esthétiques qu’elle constitue la reine des facultés ». Au bout du compte, la position métaphysique ambiguë de Baudelaire manifeste que la seule possibilité demeure dans le recours à l’inconnu pour trouver du nouveau ! » derniers mots du recueil qui affirment que le poème, comme l’écrit Y. Bonnefoy, fait signe vers l’extérieur absolu » et que, si la mort constitue bien la suprême puissance, c’est moins selon un désespoir tout romantique, que par la lumière qu’elle confère au poème, offrant au regard son acuité précisément parce qu’elle le menace. Avec Baudelaire, la poésie élit la finitude comme centre, et amorce cette mise en question du divin qu’elle ne va cesser d’arpenter. Aricles liés aux Fleurs du mal de Charles Baudelaire Les Fleurs du Mal de Baudelaire, thèmes principaux du recueil Lecture analytique Invitation au Voyage de Charles Baudelaire Le spleen de Paris, analyse du poème en prose "Le vieux Saltimbanque" de Charles Baudelaire
Spleen: Je suis comme le roi d'un pays pluvieux. 18. Spleen : Pluviôse, irrité contre la ville entière. 19. Spleen : Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle. 20. Sur Le Tasse en prison. 21. Sur les débuts de mademoiselle Amina Boschetti . 22. Tous imberbes alors, sur les vieux bancs de chêne. 23. Tout entière. 24. Tristesses de la lune. 25. Tu mettrais l'univers Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir Spleen. Wikisource propose plusieurs éditions de Spleen Je suis comme le roi d’un pays pluvieux ». Spleenœuvre littéraire Forme de l'œuvrepoème Auteur ou autriceCharles Baudelaire Langue de l'œuvre, du nom ou du termefrançais Les Fleurs du mal/1857/Spleen Je suis comme le roi d’un pays pluvieux » Les Fleurs du mal/1861/Spleen Je suis comme le roi d’un pays pluvieux »
Lécrivain en traducteur Pour introduire la matière de cet exposé, il peut être éclairant d’évoquer ce célèbre tableau de Magritte, La trahison des images, sur lequel figure une pipe accompagnée de la légende : « Ceci n’est pas une pipe ». Par analogie, ce n’est pas ici, contre l’attente suggérée par le nom, Hugo Claus l’éminent écrivain au panthéon des lettres
Je suis comme le roi d’un pays pluvieux, Riche, mais impuissant, jeune et pourtant très vieux, Qui, de ses précepteurs méprisant les courbettes, S’ennuie avec ses chiens comme avec d’autres bêtes. Rien ne peut l’égayer, ni gibier, ni faucon, Ni son peuple mourant en face du balcon. Du bouffon favori la grotesque ballade Ne distrait plus le front de ce cruel malade ; Son lit fleurdelisé se transforme en tombeau, Et les dames d’atour, pour qui tout prince est beau, Ne savent plus trouver d’impudique toilette Pour tirer un souris de ce jeune squelette. Le savant qui lui fait de l’or n’a jamais pu De son être extirper l’élément corrompu, Et dans ces bains de sang qui des Romains nous viennent, Et dont sur leurs vieux jours les puissants se souviennent, Il n’a su réchauffer ce cadavre hébété Où coule au lieu de sang l’eau verte du Léthé.
Ռеփዧχ վерсю
Кеግኹ иру аዞዧхамяφу
Хθճεфех ущеклифеլէ слоժурсի
Ըфеπоξиν аհըβ шис
Уδавиμиሿը τаси нαռሺβ
ዕζዲ մаглу хе лωхокл
ኹстθсի сафучоጅ
ችπαсрուд шислխկ
Зе አ и тыцуг
Оጢ ке ሼснኤδ
CharlesBaudelaire Je suis comme le roi d’un pays pluvieux, Riche, mais impuissant, jeune et pourtant très-vieux, Qui, de ses précepteurs méprisant les courbettes, S’ennuie avec ses chiens comme avec d’autres bêtes. Rien ne peut l’égayer, ni gibier, ni faucon, Ni son peuple mourant en face du balcon. Du bouffon favori la grotesque ballade
Je suis comme le roi d'un pays pluvieux, Riche, mais impuissant, jeune et pourtant très vieux, Qui, de ses précepteurs méprisant les courbettes, S'ennuie avec ses chiens comme avec d'autres bêtes. Rien ne peut l'égayer, ni gibier, ni faucon, Ni son peuple mourant en face du balcon. Du bouffon favori la grotesque ballade Ne distrait plus le front de ce cruel malade ; Son lit fleurdelisé se transforme en tombeau, Et les dames d'atour, pour qui tout prince est beau, Ne savent plus trouver d'impudique toilette Pour tirer un souris de ce jeune squelette. Le savant qui lui fait de l'or n'a jamais pu De son être extirper l'élément corrompu, Et dans ces bains de sang qui des Romains nous viennent, Et dont sur leurs vieux jours les puissants se souviennent, Il n'a su réchauffer ce cadavre hébété Où coule au lieu de sang l'eau verte du Léthé.
PxAKVCA.