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ReadSupplĂ©ment au Voyage de Bougainville by Denis Diderot with a free trial. Read millions of eBooks and audiobooks on the web, iPad, iPhone and Android. Ă travers l'Ă©vocation d'une sociĂ©tĂ© tahitienne utopique, Diderot met en Ă©vidence le caractĂšre paradoxal des lois qui s'imposent Ă l'ĂȘtre humain en sociĂ©tĂ©. Dans ce conte philosophique et moral, il tend Ă montrer que la religion
Fiche de lecture SupplĂ©ment au voyage de Bougainville Denis Diderot Titre SupplĂ©ment au voyage de Bougainville Auteur Denis Dider or 11 Date de parution 1 Sni* to View Genre Conte philos hiq Biographie de lâauteu . Denis Diderot 1713-1784 est un phllosophe, Ă©crivain et encyclopĂ©diste français. Appartenant aux umiĂšres, il est Ă la fois romancier, conteur, dramaturge, essayiste, ainsi que critique littĂ©raire et critique dâart. Il est surtout connu pour ĂȘtre lâauteur dâun des ouvrages les plus marquant de son siĂšcle, lâEncyclopĂ©die. Peu cĂ©lĂ©brĂ© de son temps, câest au XIXĂšme siĂšcle quâil recevra une mmense reconnaissance postume. RĂ©sumĂ© Deux personnages, A et B, dialoguent de lâoeuvre de Louis Antoine de Bougainville, Voyage autour du monde, tout juste paru. Mais B propose ensuite de parcourir le prĂ©tendu Le vieil Otaitien / Orou / LâAumĂŽnier MĂȘme si il nâest question de lui que durant un seul chapitre, le vieil Otaitien possĂšde une place importante dans ce livre. Il nous est prĂ©sentĂ© comme un homme expĂ©rimentĂ©, un grand sage de quatre-vingts dix ans passĂ©s qui en sait long sur la vie. Lorsque Bougainville arrive chez les Otaltiens, le vieillard ne les acceuille as chalereusement comme les autres habitants de lâĂźle. Au lieu de ça, il se retire dans sa cabane et sâenferme dans un mutisme total. Ce vieil homme incarne la voix de la raison, car il sait que les EuropĂ©ens ne sont pas plein de bons sentiments ils sont lĂ pour asservir les Otaitiens et prendre tout ce quâils ont. Dans le chapitre oĂč il intervient, il met en garde son peuple contre les rĂ©elles intentions des EuropĂ©ens, avant de sâadresser directement Ă Bougainville pour lui dire de quitter line et de ne jamais revenir asservir son peuple. Orou est un Otaitien de trente-six ans, ayant une femme et trois illes, Asto, Palli et Thia. Cest lui qui acceuille lâaumĂŽnier chez lui. Lorsque ce dernier arrive, Orou respecte la tradition de hospitalitĂ© et offre sa plus jeune fille, Thia, pour agrĂ©menter sa nuit. Le moine refuse dâabord, puls se plie aux traditions. Le lendemain, Orou ne comprenant pas pourquoi lâaumĂŽnier avait tant protestĂ© contre sa fille la veille, il interroge lâaumĂŽnier sur la religion et le mariage, dâune part parce que le mot religion lui est inconnu, dâautre part parce le mariage Ă une dĂ©finition trĂšs diffĂ©rente chez les EuropĂ©en PAG » 1 ui est inconnu, dâautre part parce le mariage Ă une dĂ©finition trĂšs diffĂ©rente chez les EuropĂ©ens, et que les Othaitiens ne comprennent que peu ou tout simplement pas. Orou est curieux du mode de vie des EuropĂ©ens et sâĂ©tonne mĂȘme de leurs moeurs et dĂ©cisions, comme la pudeur. Orou remet Ă©galement en cause la notion de Dieu » et les conventions EuropĂ©ennes. Cest un personnage brave et fort parmi les Otaitiens qui, couplĂ© ? celui de lâaumĂŽnier, pose des rĂ©flexions intĂ©ressantes. LâaumĂŽnier est un europĂ©en de trente-six ans faisant parti de lâĂ©quipage de Bougainville. II est du mĂȘme Ăąge que son hĂŽte, Orou. Ayant fait voeu de chastetĂ© et nâenvisageant mĂȘme pas de se donner Ă une femme Ă laquelle il nâest pas mariĂ©, lâaumĂŽnier refuse catĂ©goriquement les avances de Thia, la fille cadette de Orou, qui avait Ă©tĂ© destinĂ© par son pĂšre pour honorer lâaumĂŽnier. Mais ce dernier fini par accepter de se soumettre aux traditions et dâhonorer Thia. Le lendemain, Orou questionne lâaumĂŽnier sur la religion qui prive le moine des plaisirs de la chair, sur le mariage, ainsi que sur les moeurs et la condition de la sociĂ©tĂ© europĂ©enne. Les deux personnages appartiennent Ă des cultures diffĂ©rentes, t les questions innocentes et curieuses dâOrou remettent en cause le fondement et lâexistance des moeurs europĂ©ennes en les comparant aux moeurs otaitiennes. Le personnage de lâaumĂŽnier va donc de paire avec celui dâOrou, puisque câest grĂące Ă leur entretien que les rĂ©flexions du livre sont prĂ©sentes et ont un impact sur le lecteur. PAGF30F11 grĂące Ă leur entretien que les rĂ©flexions du livre sont prĂ©sentes et ont un impact sur le lecteur. ThĂšmes Le mariage et la fidĂšlitĂ© La nature et la civilisation es points de vues et la relativitĂ© des comparaisons Le mariage et la fidĂšlitĂ© Câest un thĂšme trĂšs prĂ©sent dans lâentretien entre Orou et lâaumĂŽnier. En effet, chez les Otaitiens, la dĂ©finition du mariage revient aux prlncipes mĂȘme de la chose, tels quâils sont dans la nature, câest-Ă -dire le consentement dâhabiter une mĂȘme cabane, et de coucher dans un mĂȘme lit, tant que nous nous y trouvons bien ». Ainsi, les Otaltiens dĂ©finissent le mariage de façon simple, et sans y faire intervenir la religion. Les EuropĂ©ens, par contre, font du mariage une cĂ©rĂ©monie qui crĂ©e un lien sacrĂ©, inaltĂ©rable et religieux entre deux personnes de sexe opposĂ©. Et est ici que sâopposent les Otaltiens et les EuropĂ©ens sur la dĂ©finition du mariage et sur la maniĂšre de traiter ce dernier, ainsi que la fidĂšlitĂ© qul va de paire avec. Les Otaltiens dĂ©finissent ainsi le mariage comme un acte respectant lâordre naturel des choses tant que deux personnes sont heureuses et bien portantes ensembles, alors elles restent ensemble. Si elles ne sont plus heureuses ensembles, alors elles se sĂ©parent. Ni plus, ni moins. Par contre les EuropĂ©ens dĂ©finissent le mariage comme un acte religieux et sacrĂ©. Lorsque deux personnes se marient, câest pou a vie, et câest une union qui ne peut pas ĂȘtre brisĂ©e Ă cette Ă©poque. On peut aussi voir que chez les Otaitiens, pour savourer PAGFd0F11 qui ne peut pas ĂȘtre brisĂ©e Ă cette Ă©poque. On peut aussi voir que chez les Otaltiens, pour savourer les plaisirs de la chair dâune autre personne, il nâest pas nĂ©cessaire dâĂȘtre liĂ©e Ă elle par le mariage. Alors que chez les europĂ©ens, se donner Ă une personne avec laquelle on est pas mariĂ©e est un blasphĂšme, encore plus grand si la personne Ă laquelle on se donne est mariĂ©e, ou si lâon est mariĂ©e Ă une personne diffĂ©rente de celle Ă laquelle on e donne. Mais on peut aussi voir que les Otaitiens ne sont pas nĂ©cessairement obligĂ©s de prendre du plaisir uniquement avec leur autre moitiĂ©, contrairement aux europĂ©ens, qui restent liĂ©es Ă la mĂȘme personne toute leur vie. Deux dĂ©finitions diffĂ©rentes donc, pour deux cultures, voir mĂȘme deux mondes, diffĂ©rents. La nature et la civilisation ci, la nature, avec lâhomme sauvage, lâhomme des origines, trouve son adversaire et son opposĂ© dans la civilisation, avec lâhomme sophistiquĂ©, lâhomme raffinĂ©. Chomme sauvage est, bien Ă©divdament lâOtaitien, et lâhomme sophistiquĂ© est donc lâEuropĂ©en. Mais alors que lâOtaitien possĂšde peu voir pas de rĂ©elles rĂšgles, lâEuropĂ©en Ă des codes, des moeurs et des lois parfols contre nature, des codes et des lois en parfaite opposition Ă celles de lâOtaitien. Lâun est libre, lâautre est enfermĂ© dans sa prĂ©tendue civilisation », dictĂ©e par ses codes et ses lois. Mais on ne se rend rĂ©ellement compte de ça quâen confrontant les deux mandes. Dans lâentretien dOrou et de lâaumĂŽnier, on voit que ce dernier, loin de dominer lâĂ©change s 1 mondes. Dans lâentretien dOrou et de lâaumĂŽnier, on voit que ce dernier, loin de dominer lâĂ©change, peine Ă justifier les oeurs europĂ©ennes par des raisons logiques et rĂ©flĂ©chies. Au yeux dâOrou, les moeurs de lâaumĂŽnier sont basĂ©es sur des conventions injustifiĂ©es et contre-nature. Diderot renverse ici le rapport de force entre les Otaitiens et les EuropĂ©ens, en mettant les EuropĂ©ens en position de faiblesse contre lâinocence de la nature des Otaitiens. Le dialogue de fin entre A et B concerne Ă©galement ce sujet, puisque les deux personnages tentent de voir quelles sont les coutumes de leur sociĂ©tĂ© provenant directement de la nature, et quelles sont celles que seuls les codes imaginaires Ă©dictent. B rĂ©sume bien la condition de lâhomme civilisĂ© lorsquâil dit Il existait un homme naturel on a introduit au-dedans de cet homme un homme artificiel; et il sâest Ă©levĂ© dans la caverne une guerre continuelle qui dure toute la vie. TantĂŽt lâhome naturel est le plus fort; tantĂŽt il est terrassĂ© par lâhomme moral et artificiel » La sociĂ©tĂ© et la civilisation imposent donc une convention de morale aux hommes civilisĂ©s. Les Otaltiens bousculent le fondement et lâexistante des lois morales, sociales et juridiques, mais ils bousculent aussi tout ce qui est Ă©dictĂ© par lâĂglise, car ivant sans religion, ils ne sont pas corrompus par le Mal pour autant. pour eux, seul la nature a créée lâhomme, et ce dernier nâappartient Ă personne, ni Ă Dieu, ni au Diable, ni Ă une entitĂ© plus puissante que lâhomme. Qui plus est, Oro 6 1 ni Ă Dieu, ni au Diable, ni Ă une entitĂ© plus puissante que lâhomme. Qui plus est, Orou trouve parfaitement ridicule et contraire Ă la nature mĂȘme de Ihomme le voeu de stĂ©rilitĂ© prononcĂ© et encouragĂ© par lâĂglise catholique de lâĂ©poque. Les europĂ©ens sont Ă©galement sous le joug de besoins fictifs et chimĂ©riques, qui est un code de sociĂ©tĂ©. Les Otaitiens, eux, se contentent du nĂ©cessaire, et ne veulent rien de plus. La notion mĂȘme de propriĂ©tĂ© nâexiste que peu ou pas chez les sauvages », alors que les EuropĂ©ens sont profondement ancrĂ©s lĂ -dedans. On peut aussi voir que le mode de vie des Otaitiens est idylique, tellement idylique que mĂȘme lâaumĂŽnier Ă lâidĂ©e de se dĂ©barrasser de ses vĂȘtements et de rester parmi les Otaitiens, et regrettant aprĂšs coup de ne pas lâavoir fait. un homme civilisĂ©, qui plus est un homme dâĂ©glise, serai donc prĂȘt Ă renoncer Ă tout ses besoins fictifs, Ă son confort, Ă sa sociĂ©tĂ©, et mĂȘme Ă la foi en son Dieu, pour rester vivre dans la patrie de ces hommes de la nature, de ces hommes sauvages. Les points de vues et la relativitĂ© des comparaisons En effet, les moeurs et codes Otaitiens ont beau sâopposer aux moeurs et codes EuropĂ©ens, mais pour que lâopposition soit possible, il faut un contexte, et des points de vues. Cest une thĂšmatique intĂšressante, et qui trouve un terreau fertile dans ce SupplĂ©ment au voyage de Bougainville. Par exemle, si pour lâopposition des moeurs et des codes entre Otaitiens et EuropĂ©ens, on choisit de prendre le point de vu dâun europĂ©en standard, et b PAGF70F11LeSupplĂ©ment au voyage de Bougainville est une rĂ©ponse fictive au rĂ©cit de voyage de l'explorateur Bougainville qui avait « dĂ©couvert » l'OcĂ©anie. Dans ce texte, Diderot donne la parole aux victimes de la colonisation, les tahitiens dans le cas prĂ©sent. Il joue donc sur le procĂ©dĂ© d'inversion des regards pour dĂ©noncer l'injustice de cette situation et au passage
Pleurez, malheureux TaĂŻtiens ! pleurez ; mais que ce soit de l'arrivĂ©e, et non du dĂ©part de ces hommes ambitieux et mĂ©chants un jour, vous les connaĂźtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voyez attachĂ© Ă la ceinture de celui-ci, dans une main, et le fer qui pend au cĂŽtĂ© de celui-lĂ , dans l'autre, vous enchaĂźner, vous Ă©gorger, ou vous assujettir Ă leurs extravagances et Ă leurs vices ; un jour vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu'eux. Mais je me console ; je touche Ă la fin de ma carriĂšre ; et la calamitĂ© que je vous annonce, je ne la verrai point. O TaĂŻtiens ! mes amis ! vous auriez un moyen d'Ă©chapper Ă un funeste avenir ; mais j'aimerais mieux mourir que de vous en donner le conseil. Qu'ils s'Ă©loignent, et qu'ils vivent. » Puis s'adressant Ă Bougainville, il ajouta Et toi, chef des brigands qui t'obĂ©issent, Ă©carte promptement ton vaisseau de notre rive nous sommes innocents, nous sommes heureux ; et tu ne peux que nuire Ă notre bonheur. Nous suivons le pur instinct de la nature ; et tu as tentĂ© d'effacer de nos Ăąmes son caractĂšre. Ici tout est Ă tous ; et tu nous as prĂȘchĂ© je ne sais quelle distinction du tien et du mien. Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagĂ© ce privilĂšge avec nous ; et tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu fĂ©roce entre les leurs. Elles ont commencĂ© Ă se haĂŻr ; vous vous ĂȘtes Ă©gorgĂ©s pour elles ; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommes libres ; et voilĂ que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage. Tu n'es ni un dieu, ni un dĂ©mon qui es-tu donc, pour faire des esclaves ? Orou ! toi qui entends la langue de ces hommes-lĂ , dis-nous Ă tous, comme tu me l'as dit Ă moi, ce qu'ils ont Ă©crit sur cette lame de mĂ©tal Ce pays est Ă nous. Ce pays est Ă toi ! et pourquoi ? parce que tu y as mis le pied ? Si un TaĂŻtien dĂ©barquait un jour sur vos cĂŽtes, et qu'il gravĂąt sur une de vos pierres ou sur l'Ă©corce d'un de vos arbres Ce pays appartient aux habitants de TaĂŻti, qu'en penserais-tu ?... Tu n'es pas esclave tu souffrirais la mort plutĂŽt que de l'ĂȘtre, et tu veux nous asservir ! Tu crois donc que le TaĂŻtien ne sait pas dĂ©fendre sa libertĂ© et mourir ? Celui dont tu veux t'emparer comme de la brute, le TaĂŻtien est ton frĂšre. Vous ĂȘtes deux enfants de la nature ; quel droit as-tu sur lui qu'il n'ait pas sur toi ? Tu es venu ; nous sommes-nous jetĂ©s sur ta personne ? avons-nous pillĂ© ton vaisseau ? t'avons-nous saisi et exposĂ© aux flĂšches de nos ennemis ? t'avons-nous associĂ© dans nos champs au travail de nos animaux ? Nous avons respectĂ© notre image en toi. Laisse nous nos moeurs ; elles sont plus sages et honnĂȘtes que les tiennes ; nous ne voulons plus troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumiĂšres. Tout ce qui nous est nĂ©cessaire et bon, nous le possĂ©dons. Sommes-nous dignes de mĂ©pris, parce que nous n'avons pas su nous faire des besoins superflus ? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vĂȘtir. Tu es entrĂ© dans nos cabanes, qu'y manque-t-il, Ă ton avis ? Poursuis jusqu'oĂč tu voudras ce que tu appelles les commoditĂ©s de la vie ; mais permets Ă des ĂȘtres sensĂ©s de s'arrĂȘter, lorsqu'ils n'auraient Ă obtenir, de la continuitĂ© de leurs pĂ©nibles efforts, que des biens imaginaires. Va dans ta contrĂ©e t'agiter, te tourmenter tant que tu voudras ; laisse-nous reposer ne nous entĂȘte ni de tes besoins factices, ni de tes vertus chimĂ©riques. SupplĂ©mentau voyage de Bougainville de Denis Diderot (Fiche de lecture): Analyse complĂšte et rĂ©sumĂ© dĂ©taillĂ© de l'oeuvre (French Edition) eBook : lePetitLitteraire, Normand, Fanny: Amazon.ca: Kindle StoreEn 1771, paraissait le Voyage autour du monde, Ă©crit par le navigateur Bougainville 1728-1811 qui venait, de novembre 1766 Ă mars 1769, de faire un long pĂ©riple autour du monde. Bougainville avait ramenĂ© avec lui un Tahitien, Aotourou, qu'il promena » dans Paris et qui provoqua un vĂ©ritable engouement. Diderot trouva dans le rĂ©cit du voyageur et dans les tĂ©moignages du Tahitien l'occasion d'une double rĂ©flexion sur le problĂšme politique et social de la colonisation et sur la question, morale et sociale, de la libertĂ© sexuelle. La remise en cause d'institutions telles que le mariage, la mise en Ă©vidence de la relativitĂ© des coutume rejoignent les prĂ©occupations sociales et philosophique de Diderot. Ćuvre polĂ©mique, le SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville pose les bases d'une sociĂ©tĂ© dans laquelle le respect de la nature se rapproche du mythe du bon sauvage. Il ne faut pas y voir, cependant, le modĂšle unique prĂŽnĂ© par le philosophe. Le SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville est composĂ© de cinq parties. Dans la seconde, intitulĂ©e Les adieux du vieillard », Diderot met en scĂšne un personnage qui figure dans le rĂ©cit de Bougainville. En apparence indiffĂ©rent Ă la prĂ©sence des EuropĂ©ens pendant leur sĂ©jour a Tahiti, il leur adresse une violente invective au moment de leur dĂ©part. C'est un vieillard qui parle. Il Ă©tait pĂšre d'une famille nombreuse. A l'arrivĂ©e des EuropĂ©ens, il laissa tomber des regards de dĂ©dain sur eux, sans marquer ni Ă©tonnement, ni frayeur, ni curiositĂ©. Ils l'abordĂšrent ; il leur tourna le dos et se retira dans sa cabane son silence et son souci ne dĂ©celaient que trop sa pensĂ©e il gĂ©missait en lui-mĂȘme sur les beaux jours de son pays Ă©clipsĂ©s. Au dĂ©part de Bougainville, lorsque les habitants accouraient en foule sur le rivage, s'attachaient Ă ses vĂȘtements, serraient ses camarades entre leurs bras, et pleuraient, ce vieillard s'avança d'un air sĂ©vĂšre, et dit pleurez, malheureux Tahitiens ! pleurez ; mais que ce soit de l'arrivĂ©e, et non du dĂ©part de ces hommes ambitieux et mĂ©chants un jour, vous les connaĂźtrez mieux. Un jour, ils reviendront, le morceau de bois que vous voyez attachĂ© Ă la ceinture de celui-ci, dans une main, et le fer qui pend au cĂŽtĂ© de celui-lĂ , dans l'autre, vous enchaĂźner, vous gorger, ou vous assujettir Ă leurs extravagances et Ă leurs vices ; un jour vous servirez sous eux, aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu'eux. Mais je me console ; je touche Ă la fin de ma carriĂšre ; et la calamitĂ© que je vous annonce, je ne la verrai point. O tahitiens ! mes amis ! vous auriez mi moyen d'Ă©chapper Ă un funeste avenir ; mais aimerai mieux mourir que de vous en donner le conseil. Qu'ils s'Ă©loignent, et qu'ils vivent. Puis s'adressant Ă Bougainville, il ajouta Et toi, chef des brigands qui t'obĂ©issent, Ă©carte promptement ton vaisseau de notre rive nous sommes innocents, nous sommes heureux ; et tu ne peux que nuire Ă notre bonheur. Nous suivons le pur instinct de la nature ; et tu as tentĂ© d'effacer de nos Ăąmes son caractĂšre. Ici tout est Ă tous et tu nous as prĂȘchĂ© je ne sais quelle distinction du tien et du mien. Nos filles et nos femmes nous sont communes ; tu as partagĂ© ce privilĂšge avec nous ; et tu es venu allumer en elles des fureurs inconnues. Elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu fĂ©roce entre les leurs. Elles ont commencĂ© Ă se haĂŻr ; vous vous ĂȘtes Ă©gorgĂ©s pour elles ; et elles nous sont revenues teintes de votre sang. Nous sommes libres ; et voilĂ que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage. Tu n'es ni un dieu, ni un dĂ©mon qui es tu donc, pour faire des esclaves ? Orou ! toi qui entends la langue de ces hommes lĂ , dis nous Ă tous, comme tu me l'as dit Ă moi-mĂȘme, ce qu'ils ont Ă©crit sur cette lame de mĂ©tal Ce pays est a nous. Ce pays est Ă toi ! et pourquoi ? parce que tu y as mis le pied ? Si un Tahitien dĂ©barquait un jour sur vos cĂŽtes, et qu'il gravĂąt sur une de vos pierres ou sur l'Ă©corce d'un de vos arbres. Ce pays est aux habitants de Tahiti, qu'en penserais-tu ? Tu es le plus fort ! Et qu'est-ce que cela fait ? Lorsqu'on t'a enlevĂ© une des mĂ©prisables bagatelles dont ton bĂątiment est rempli , tu t'es rĂ©criĂ©, tu t'es vengĂ© ; et dans le mĂȘme instant tu as projetĂ© au fond de ton cĆur le vol de toute une contrĂ©e ! Tu n'es pas esclave tu souffrirais plutĂŽt la mort que de l'ĂȘtre, et tu veux nous asservir ! Tu crois donc que le Tahitien ne sait pas dĂ©fendre sa libertĂ© et mourir ? Celui dont tu veux t'emparer comme de la brute, le Tahitien est ton frĂšre. Vous ĂȘtes deux enfants de la nature ; quel droit as-tu sur lui qu'il n'ait pas sur toi ? Tu es venu ; nous sommes-nous jetĂ©s sur ta personne ? avons-nous pillĂ© ton vaisseau ? T'avons nous saisi et exposĂ© aux flĂšches de nos ennemis ? T'avons nous associĂ© dans nos champs au travail de nos animaux ? Nous avons respectĂ© notre image en toi. Laisserons nos mĆurs ; elles sont plus sages et plus honnĂȘtes que les tiennes ; nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance, contre tes inutiles lumiĂšres. Tout ce qui nous est nĂ©cessaire et bon, nous le possĂ©dons. Sommes-nous dignes de mĂ©pris, parce que nous n'avons pas su nous faire des besoins superflus ? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; Lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vĂȘtir. Tu es entrĂ© dans nos cabanes, qu'y manque t il, Ă ton avis ? Poursuis jusqu'oĂč tu voudras ce que tu appelles commoditĂ©s de la vie ; mais permets Ă des ĂȘtres sensĂ©s de s'arrĂȘter, lorsqu'ils n'auraient Ă obtenir, de la continuitĂ© de leurs pĂ©nibles efforts, que des biens imaginaires. Si tu nous persuades de franchir l'Ă©troite limite du besoin, quand finirons nous de travailler ? Quand jouirons nous ? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journaliĂšres la moindre qu'il Ă©tait possible, parce que rien ne nous paraĂźt prĂ©fĂ©rable au repos. Va dans ta contrĂ©e t'agiter, te tourmenter tant que tu voudras ; laisses nous reposer ne nous entĂȘte ni de tes besoins factices, ni de tes vertus chimĂ©riques. Diderot, SupplĂ©ment au Voyage de Bougainville, deuxiĂšme partie Les meilleurs professeurs de Français disponibles4,9 70 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !5 111 avis 1er cours offert !4,9 70 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !5 111 avis 1er cours offert !C'est partiAnalyseifjzP.